Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/201

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perd avec lui dans les cieux : ainsi le loup vorace, effroi des bergeries, arrache au bercail un agneau que redemandent en vain les longs bêlemens de sa mère. De toutes parts s’élève un cri de joie : tout s’ébranle : on comble les fossés, et les brandons fumans volent attacher la flamme jusqu’au sommet des tours. Ilionée, s’armant d’une pierre énorme, immense débris des montagnes, écrase Lucétius, qui, s’approchant d’une des portes, y secouait l’incendie. Emathion est renversé par Liger, Corynée par Asylas ; par Liger, dont le javelot frappe de près sa victime ; par Asylas, dont la flèche au loin porte un coup toujours sûr. Ortygius tombe sous le fer de Cénée ; Cénée, vainqueur, sous le fer de Turnus. Turnus immole ensemble Itys et Clonius, Dioxippe et Promulus, Idas et Sagaris ; Idas, qui combattait debout près des tours élevées. Priverne expire, moissonné par Capys : déjà Témille, d’un dard mourant, avait effleuré le Rutule ; l’insensé, jetant son pavois, porte la main sur sa blessure : soudain la flèche ailée fend les airs, attache au flanc meurtri les doigts de l’imprudent, et, pénétrant jusqu’au cœur, déchire d’une atteinte mortelle les tissus cachés où respire la vie.

Sous une armure dorée brillait le fils d’Arcens, fier de sa riche chlamyde que l’aiguille a brodée, fier de la pourpre éclatante dont lui fit présent l’Ibérie, plus fier encore de sa jeunesse et de ses grâces. Docile au vœu paternel, il avait quitté, pour les drapeaux du fils d’Anchise, les bois sacrés de Mars où fut élevée son enfance, et les bords pieux du Symèthe, où s’élève, arrosé du sang des victimes, l’autel propice de Palicus. Mézence l’a vu de loin : aussitôt, posant