Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/207

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corne, et faisant jaillir l’arène sous ses pieds. » Le père des dieux l’entend ; et tout à coup, dans un ciel sans nuage, sa foudre a grondé vers la gauche. Au même instant résonne l’arc, instrument de mort : la flèche, emportée dans les airs, fuit avec un sifflement horrible ; et frappant Rémulus à la tête, le fer aigu lui traverse les tempes. « Va, superbe ; insulte au courage par tes vaines jactances. Les Phrygiens deux fois captifs envoient la mort aux Rutules ; ce sont là nos réponses. » Iule n’en dit pas davantage : les Troyens applaudissent par un cri de triomphe ; ils frémissent de joie, et portent jusqu’aux nues la valeur du jeune héros.

Cependant, au sein des plages éthérées, Apollon à la belle chevelure contemplait, assis sur un nuage, les phalanges latines et la nouvelle Troie : du haut des airs, il applaudit au jeune vainqueur : « Courage, noble enfant, croîs toujours en vertu ; c’est ainsi qu’on s’ouvre l’Olympe, fils des dieux, de qui naîtront des dieux. Oui, la race d’Assaracus aura la gloire un jour d’éteindre toutes les guerres qu’auront allumées les destins : Pergame trop étroite ne peut te contenir. » En achevant ces mots, il descend de la voûte des cieux, écarte sur son passage les haleines des vents, et se dirige vers Ascagne. Alors, dépouillant ses traits divins, le dieu prend la figure du vieux Butès, jadis l’écuyer du grand Anchise, et le gardien fidèle de son palais : depuis, Énée lui confia la jeunesse d’Iule. Apollon s’avance : on croit voir le vieillard ; c’est sa voix, c’est son teint, ce sont ses cheveux blancs, et son armure