Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/259

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Halésus, et la fleur des Auronces : bientôt paraît lui-même le vaillant fils de Neptune, Messape, à la tête de ses brillans escadrons. On se mêle, on se presse ; chaque parti tour à tour saisit, perd et reprend le rivage : le seuil même du Latium est le théâtre du carnage. Tels, dans le vaste champ des airs, les vents opposés se livrent d’affreux combats, et mugissent égaux en forces comme égaux en fureurs : les courans s’entre-choquent, les nuages heurtent les nuages, les vagues luttent contre les vagues : long-temps la victoire est douteuse, et les orages se balancent. Tels s’attaquent, corps à corps, pied contre pied, les bataillons troyens et les phalanges latines.

Ailleurs, sur un sol ingrat, où les torrens au loin roulèrent des éclats de roche et des troncs fracassés, vains débris du rivage, la jeunesse arcadienne soutenait mal à pied un combat nouveau pour elle : l’âpre inégalité des lieux l’avait contrainte de quitter alors ses coursiers ; et déjà tournant le dos, elle fuyait devant les Latins ardens à la poursuivre. Pallas le voit ; et, seule ressource qui lui reste en cette extrémité cruelle ! tour à tour il emploie, pour rallumer les courages, la prière touchante et les reproches amers : « Où fuyez-vous, amis ? Par vous, par vos nobles exploits ! par le grand nom d’Évandre, votre maître et mon père ! par tant de guerres mémorables dont il sortit vainqueur ! par l’espoir d’un fils, ce jeune émule de la gloire paternelle ! ah ! ne vous fiez point à l’agilité de vos pieds ! c’est le fer qui doit nous ouvrir un passage à travers l’ennemi ; ces rangs