Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/415

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Romains, la tige de cette race illustre, Énée, resplendissant de feux sous son bouclier flamboyant et son armure céleste : à ses côtés est le jeune Iüle, Iüle, autre espérance de la superbe Rome. Le cortège s’arrête au milieu des deux camps : là, vêtu d’un lin sans tache, le grand-prêtre a conduit les victimes, un jeune porc aux soies naissantes, une jeune brebis couverte encore de sa première toison : l’offrande, aux pieds des autels, attend les flammes qui doivent la consumer. Bientôt les princes, les yeux tournés vers l’orient vermeil, présentent d’une main religieuse le froment pur que le sel assaisonne : ils promènent le fer des ciseaux sur le front velu des victimes, et vident sur les brasiers ardens la coupe des libations.

Alors Énée, levant son glaive nu, s’écrie d’une voix pieuse : « Soleil, entends mes vœux ! entends mes vœux, ô terre du Latium, pour qui j’ai pu supporter tant de travaux pénibles ! Et toi, Jupiter tout-puissant ; toi, fille de Saturne, ô Junon ! déesse auguste, aujourd’hui moins contraire ; toi, redoutable Mars, suprême arbitre des combats : soyez témoins de mes sermens ! Vous aussi, Fleuves sacrés, Fontaines saintes : vous, habitans immortels du radieux Olympe : vous, dieux et déesses qui peuplez les mers azurées : je vous atteste tous ! Si la fortune et la victoire couronnent l’effort de Turnus, les vaincus, fidèles au traité, iront chercher un asyle dans les remparts d’Évandre : Iüle quittera les champs de l’Italie ; et jamais les Troyens parjures, y rapportant la guerre, ne viendront, le