Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/55

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l’air, la voix et la vie. La mort entasse autour de lui des monceaux de victimes. Là succombe le vieux Galésus, alors même qu’il s’avançait, l’olivier dans la main, entre les deux partis. De tous les habitans du Latium, Galésus était le plus opulent, comme il en était le plus juste. Cinq troupeaux de brebis bêlantes, cinq troupeaux de bœufs mugissans, rentraient le soir dans ses étables, et cent charrues fertilisaient son immense héritage.

Tandis que Mars dans la plaine échauffe ainsi l’ardeur de la mêlée, fière de son succès, et s’applaudissant de son barbare ouvrage dans ces combats sanglans, Alecton savoure les prémices du carnage qu’elle méditait. Tout à coup, laissant l’Hespérie, elle s’élève d’un rapide essor vers la voûte céleste, et, proclamant sa victoire, tient à Junon ce langage superbe : « Eh bien ! vous voilà satisfaite : la guerre cimente la discorde. Maintenant, que la paix les rapproche ! que les traités les unissent ! j’ai couvert les Troyens du sang de l’Ausonie : je ferai plus encore, si votre aveu m’est assuré. Par de sinistres rumeurs, j’armerai les cités voisines ; j’embraserai tous les cœurs des fureurs impies de Bellone ; vingt peuples, ligués pour nous, accourront à ma voix ; je frapperai la terre, il en sortira des armées. »

Junon l’arrête : « C’est assez de fourbe et d’alarmes. La guerre est allumée ; le fer a croisé le fer ; et le glaive, que le hasard a fait tirer, fume encore du sang qu’il a bu. Qu’ainsi préludent aux pompes nuptiales, aux fêtes d’hyménée, le brillant fils de