Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/65

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pouvez en retracer l’histoire : à peine un bruit faible et confus en est-il arrivé jusqu’à nous.

Le premier qu’arma la haine, c’est le farouche Mézence, le contempteur des dieux. Chassé jadis des bords de Tyrrhène, il conspire aujourd’hui contre un autre Ilion. À ses côtés marche son fils Lausus, le plus beau des guerriers Ausoniens, si Turnus n’était pas ; Lausus, habile à dompter un coursier rebelle, à terrasser les monstres des forêts. Mille soldats, pour le suivre, ont quitté les murs d’Agylla qu’il ne verra plus. Infortuné ! digne d’un meilleur maître, et d’un autre père que Mézence.

Après eux, sur un quadrige orné de palmes, un rejeton du noble Alcide, le noble Aventinus, pousse avec orgueil, dans l’arène ses étalons triomphans. Son bouclier, symbole des trophées d’un père, porte une hydre à cent têtes, étouffée parmi les serpens repliés autour d’elle. Ce fut sous les ombrages de l’Aventin que Rhéa mit au jour ce gage furtif de sa tendresse ; Rhéa, mortelle et prêtresse fécondée par un dieu, quand le héros de Tyrinthe, vainqueur de Géryon, eut touché les champs de Laurente et baigné dans les flots du Tibre les taureaux d’Ibérie. Ses guerriers, dans les batailles, tantôt brandissent d’énormes lances ou de longs roseaux creux d’où s’échappe un fer homicide, tantôt frappent d’un poignard subtil, et dardent le javelot sabin. Lui-même, à leur tête, il affronte à pied les combats. Sur ses épaules flotte l’immense dépouille d’un lion rugissant, dont la crinière hérissée inspire encore la terreur, et dont le mufle, étalant l’ivoire de ses dents menaçantes, lui