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L’ÉNÉIDE.


LIVRE SEPTIÈME.


Salut, nourrice du grand Énée, ô Caïète ! tu dotas, en mourant, nos plages d’une éternelle renommée. Ta mémoire protège encore les lieux où tu reposes, et l’Italie montre avec orgueil la tombe ennoblie par ton nom.

Le fils d’Anchise a satisfait aux mânes qu’il honore, et leur a dressé de ses mains un pieux monument. Sitôt que tes mers sont calmées, il rend aux zéphyrs les voiles vagabondes, et le port s’enfuit derrière lui. Les vents du soir poussent mollement ses navires, et la lune, au disque argenté, favorise leur course : les flots étincellent sous sa lumière tremblante. Bientôt la flotte rase les bords non lointains, où Circé fait sa demeure. C’est là que, durant le jour, la brillante fille du Soleil fait résonner de ses chants assidus ses insidieux bocages ; là qu’elle brûle, durant la nuit, le cèdre odorant dont la flamme éclaire ses lambris superbes, tandis que ses doigts font courir la navette légère entre les fils d’un tissu délicat. De plus près on entend gronder la colère des lions captifs, se débattant contre leurs chaînes, et rugissant dans l’épaisseur des ombres ; on entend d’affreux sangliers,