Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/93

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crainte, dans Évandre, un des chefs de la Grèce, un rejeton d’Arcas, un roi que les liens du sang attachent aux deux Atrides. Ma vertu, les divins oracles, et notre commune origine, et votre renommée qui remplit l’univers, voilà les nœuds qui nous engagent d’avance ; et j’obéis, quand je vous cherche, à mes penchans comme aux destins. Dardanus, l’auteur de ma race et le fondateur d’Ilion, Dardanus, au récit des Grecs, eut Électre pour mère. Électre dut le jour au puissant Atlas, dont les épaules soutiennent la voûte étoilée des cieux. Vous, prince, Mercure vous donna la naissance, Mercure, que la belle Maïa mit au monde sur le sommet glacé du Cyllène ; et Maïa, si la tradition est fidèle, était fille du même Atlas, de cet Atlas qui supporte et l’Olympe et les astres. Ainsi nos deux familles sont deux branches fraternelles, sorties de la même tige.

Fondé sur tant de titres, je n’ai choisi, pour vous sonder, ni la voie des messages, ni les vains détours de la politique. Moi-même, oui, moi-même, au péril de ma tête, j’ai pénétré jusqu’à vous, et, sans autre arme que la prière, j’ose affronter vos demeures. Un peuple, fléau du vôtre, s’acharne aussi contre mon peuple : s’ils nous chassent, les cruels, où s’arrêtera leur furie ? Bientôt l’Hespérie toute entière aura ployé sous leur joug, et la double mer qui les baigne leur soumettra ses ondes. Qu’un serment commun nous unisse : j’ai sous mes ordres une jeunesse belliqueuse, j’ai des soldats sans peur et des phalanges instruites à la victoire. »