Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/24

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bêtes sauvages ; la glu trompa l’oiseau ; on cerna de meutes aboyantes les grandes forêts. L’un frappe de sa ligne les eaux profondes ; l’autre promène sur les mers ses filets ruisselants. Le fer se durcit sous le marteau, et bientôt crie la scie aigre et mordante ; car les premiers hommes ne connaissaient que les coins pour fendre le bois. Alors naquirent les arts divers. Un travail opiniâtre et l’industrie aiguillonnée par la dure nécessité triomphent de tous les obstacles.

Cérès la première apprit aux hommes à ouvrir la terre avec le fer, lorsque les fruits des arbres et le gland des forêts sacrées commencèrent à manquer, et que Dodone même refusa aux mortels leur facile nourriture. Bientôt le blé coûta de nouvelles peines : la nielle attaque et ronge l’épi ; l’inutile chardon hérisse les guérêts ; les moissons périssent, étouffées sous une forêt de plantes épineuses, et la funeste ivraie et l’avoine stérile dominent au loin les riantes cultures. Si, le râteau à la main, tu ne tourmentes pas incessamment la terre ; si tu ne chasses pas à force de bruit les oiseaux avides ; si tu n’arrêtes avec la faux l’essor des arbres qui jettent leur ombre sur tes champs ; enfin,