Page:Virgile - Georgiques Delille 1819.djvu/211

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Il faut savoir aussi dresser des chiens fidèles :
D’un pain pétri de lait nourris ces sentinelles ;
Tu braves avec eux et les loups affamés,
Et le voleur nocturne, et les brigands armés.
Tantôt tu les verras, pleins d’adresse ou d’audace,
Du lièvre fugitif interroger la trace,
Lancer le faon timide, ou, dans les bois fangeux,
Livrer au sanglier un assaut courageux ;
Ou, par leur course agile et leur voix menaçante,
Presser des daims légers la troupe bondissante.
Surtout que le bercail soit purgé de serpents :
Poursuis, la flamme en main, tous ces hôtes rampants ;
Quelquefois sous la crèche une affreuse vipère
Loin du jour importun a choisi son repaire ;
Et souvent la couleuvre y roulant ses anneaux,
Domestique ennemie, infecte les troupeaux.
Dès que tu la verras s’agiter sur la terre,
Va, cours, soulève un tronc, saisis-toi d’une pierre ;
Malgré ses sifflements, malgré son fier courroux,
Frappe : déjà sa tête est cachée à tes coups,
Tandis que de son corps, déchiré sur l’arène,
Les cercles déroulés la suivent avec peine.
Plus terrible cent fois ce serpent écaillé
Qui rampe fièrement sur son ventre émaillé,
Qui, dressant dans les airs une crête superbe,
Glisse assis sur sa croupe, et se roule sur l’herbe :
Quand le printemps humide et l’autan orageux
Gonflent les noirs torrents, mouillent les champs fangeux,
Il habite des lacs les retraites profondes,
Engloutit les poissons et dépeuple les ondes :
L’été fend-il les champs, a-t-il tari les eaux ?
Furieux il bondit du fond de ses roseaux,
Et, les yeux enflammés et la gueule béante,