Page:Virgile - Georgiques Delille 1819.djvu/255

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Précipité des cieux, plus d’un héros succombe :
Ainsi pleuvent les glands, ainsi la grêle tombe.
À leur riche parure, à leurs brillants exploits,
Au fort de la mêlée on distingue les rois ;
Ils pressent le soldat, ils échauffent sa rage :
Et dans un faible corps s’allume un grand courage.
Mais tout ce fier courroux, tout ce grand mouvement,
Qu’on jette un peu de sable, il cesse en un moment.
Quand les rois ont quitté les plaines de Bellone,
Donne au vaincu la mort, au vainqueur la couronne.
Aisément on connaît le plus vaillant des deux :
De sa tunique d’or l’un éblouit les yeux ;
L’autre, à regret montrant sa figure hideuse,
Traîne d’un ventre épais la masse paresseuse.
Il faut, comme les rois, distinguer les sujets :
Les uns n’offrent aux yeux que d’informes objets ;
Leur couleur est pareille à la poussière humide
Que chasse un voyageur de son gosier aride.
Les autres sont polis, et luisants, et dorés,
Et d’un brillant émail richement colorés.
Préfère cette race : elle seule, en automne,
T’enrichira du suc des fleurs qu’elle moissonne ;
Elle seule, au printemps, te distille un miel pur,
Qui dompte l’âpreté d’un vin fougueux et dur.
Cependant si ce peuple, en son humeur volage,
Quittait ses ateliers, suspendait son ouvrage,
Sans peine on le rappelle à ses premiers emplois :
Arrache seulement les ailes de ses rois ;
Quels sujets oseront, quand leur chef est tranquille,
Abandonner leur poste et déserter la ville ?