Page:Virgile - Georgiques Delille 1819.djvu/65

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Tandis qu’elle est traitable, on façonne la terre :
De tes taureaux nerveux aiguillonne les flancs ;
Sème l’orge, le lin, les pavots nourrissants ;
Ne quitte point le soc : hâte-toi ; les tempêtes
Vont verser les torrents suspendus sur nos têtes.
Sitôt que dans nos champs Zéphyre est de retour,
On y sème la fève ; et quand l’astre du jour,
Ouvrant dans le Taureau sa brillante carrière,
Engloutit Sirius dans des flots de lumière,
Les sillons amollis reçoivent les sainfoins,
Et le millet doré redemande tes soins.
Préfères-tu des blés, dont les gerbes flottantes
Roulent au gré des vents leurs ondes jaunissantes ?
Attends jusqu’au lever de la couronne d’or.
Plusieurs jettent leurs grains quand Maïa luit encor :
Mais la terre à regret reçoit cette semence,
Et de maigres épis trompent leur espérance.
La faisole à tes soins a-t-elle quelque part ?
Jusqu’à l’humble lentille abaisses-tu ton art ?
Attends que dans les cieux disparaisse l’Arcture,
Et poursuis jusqu’au temps où règne la froidure.

Pour régler nos travaux, pour marquer les saisons,
L’art divisa du ciel les vastes régions.
Soleil, âme du monde, océan de lumière,
Douze astres différents partagent ta carrière.
Cinq zones de l’Olympe embrassent le contour :
L’une des feux brûlants est l’aride séjour ;
Deux autres, qu’en tous temps attriste la froidure,
Des deux pôles glacés ont formé la ceinture :
Mais entre ces glaçons et ces feux éternels,
Deux autres ont reçu les malheureux mortels ;
Et dans son cours brillant bornent l’oblique voie
Où du dieu des saisons la marche se déploie.