Page:Virgile - Georgiques Delille 1819.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tendre un piège aux oiseaux, embraser des buissons,
D’un mur tissu d’épine entourer ses moissons,
Ou rafraîchir ses prés que la chaleur altère,
Ou baigner ses brebis dans une eau salutaire ?
C’est dans ces mêmes jours que, libre de travaux,
Chacun porte aux cités les présents des hameaux ;
Et, rapportant chez soi les tributs de la ville,
Presse les pas tardifs de son âne indocile.
La lune apprend aussi, dans son cours inégal,
Quel jour à tes travaux est propice ou fatal.
Le cinquième est funeste ; en ce jour de colère
Naquirent Erinnys, Tisiphone, Mégère,
Et vous, fameux titans, géants audacieux,
Que la terre enfanta pour attaquer les cieux.
Trois fois roulant des monts arrachés des campagnes,
Leur audace entassa montagnes sur montagnes,
Ossa sur Pélion, Olympe sur Ossa ;
Trois fois, le foudre en main, le dieu les renversa.
Au dixième croissant de la lune nouvelle,
On peut du fier taureau dompter le front rebelle,
Planter la jeune vigne, ou d’une agile main
Promener la navette errante sur le lin.
Une clarté plus pure embellit le neuvième :
Le brigand le redoute, et le voyageur l’aime.
Chacun a son emploi ; mais, dans ce choix du temps,
Ainsi que d’heureux jours, il est d’heureux instants.
Faut-il couper le chaume ? On le coupe sans peine
Quand la nuit l’a mouillé de son humide haleine :
Pour dépouiller les prés, attends que sur les fleurs
L’aurore en souriant ait répandu ses pleurs.
Plusieurs pendant l’hiver, près d’un foyer antique,
Veillent à la lueur d’une lampe rustique :
Leur compagne près d’eux, partageant leurs travaux,
Tantôt d’un doigt léger fait rouler ses fuseaux ;
Tantôt cuit dans l’airain le doux jus de la treille,
Et charme par ses chants la longueur de la veille.
Mais c’est en plein soleil, dans l’ardente saison,