Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/271

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Le père accourt : tous deux à son tour le saisissent,
D’épouvantables nœuds tout entier l’investissent,
Deux fois par le milieu leurs plis l’ont embrassé,
Par deux fois sur son cou leur corps s’est enlacé.
Ils redoublent leurs nœuds, et leur superbe crête
Dépasse encor son front et domine sa tête.
Lui, dégouttant de sang, souillé de noirs poisons
Qui du bandeau sacré profanent les festons,
Raidissant ses deux bras contre ces nœuds terribles,
Exhale sa douleur en hurlements horribles :
Tel, d’un coup impuissant par le prêtre frappé,
Mugit un fier taureau de l’autel échappé
Qui, du fer suspendu victime déjà prête,
A la hache trompée a dérobé sa tête.
Enfin, dans les replis de ce couple sanglant,
Qui déchire son sein, qui dévore son flanc,
Il expire... Aussitôt l’un et l’autre reptile
S’éloigne ; et, de Pallas gagnant l’auguste asile,
Aux pieds de la déesse, et sous son bouclier
D’un air tranquille et fier va se réfugier.
  A peine on a connu la mort de la victime,
Tout frémit d’épouvante : on dit que « de son crime