Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/331

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J’accepte avec transport ce présage céleste.
Dieux puissants ! d’Ilion vous sauverez le reste.
Viens, mon fils ; je te suis ». Il dit ; et de plus près
Les flammes cependant menacent le palais
Et d’un cours plus rapide avançant vers leur proie,
En tourbillons fougueux leur fureur se déploie.
« Eh bien, mon père, au nom de mon amour pour vous,
Laissez-moi vous porter ; ce poids me sera doux :
Venez, qu’un même sort tous les deux nous rassemble ;
Venez, nous périrons, ou nous vivrons ensemble ;
Qu’Iule m’accompagne ; et qu’observant mes pas,
Mon épouse me suive et ne me quitte pas.
Et vous, qu’un noble zèle attache à votre maître,
Écoutez : hors des murs vos yeux verront paraître
Un coteau d’où s’élève un temple où les mortels
De Cérès autrefois encensaient les autels ;
Non loin est un cyprès respecté par les âges,
Et qui de nos airain recevait les hommages ;
Là, nous nous rendrons tous par différents chemins.
Vous, mon père, prenez nos dieux, nos vases saints ;
Je ne puis y toucher avant qu’une onde pure
Du sang dont je suis teint n’ait lavé la souillure ».