Page:Vitrac - Victor ou les Enfants au pouvoir, 1929.djvu/17

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VICTOR

Bon, en voilà pour dix mille francs à valoir sur mon héritage.

LILI

Mais il est fou. Tu es fou, Victor ! Un si beau vase !

VICTOR

Un si bel œuf. Et je n’ai pas vu le cheval. As-tu vu le cheval, toi ?

(Imitant la voix d’un père qui imite une voix d’enfant.)
VICTOR

Qu’est-ce que c’est ça, papa ?

(Imitant la réponse du père.)
VICTOR

C’est un œuf de cheval, un gros coco de dada.

LILI

Il ne respecte rien. Croyez-vous qu’il a des remords ? Pas le moindre. Et quand je pense que tu l’as fait exprès !

VICTOR

Moi ? qu’ai-je fait encore ?

LILI

Ne fais pas l’imbécile. (L’imitant.) Moi, qu’ai-je fait encore ?

VICTOR

Eh bien, toi, ma petite Lili, tu viens de casser un grand vase de Sèvres.

LILI

Comment ! tu oses m’accuser de ce que tu viens de faire toi-même, volontairement, et sous mes yeux ?

VICTOR

Oui.

LILI

Mais je dirai que c’est toi.