Page:Vitrac - Victor ou les Enfants au pouvoir, 1929.djvu/98

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Le général, cette ganache… rien sans Victor. Et la bonne, c’est sûrement Victor ! Esther, le cher ange… Ah ! Victor ! Mais surtout Ida. Ida Mortemart. Rappelle-toi… Victor ! Et nous, nous, j’ai compris. Victor ! Victor ! Toujours Victor !

(On frappe.)
ÉMILIE

Qui est là ?

VICTOR, derrière la porte.

C’est Victor ! Je suis malade et je ne peux pas dormir.

CHARLES, ouvrant la porte et sortant.

Attends, je vais te faire dormir.

(Bruit de coups, cris et exclamations du père à chaque coup : C’est Victor… C’est Victor…)

ÉMILIE, au père qui reparaît.

Qu’as-tu fait, Charles ?

CHARLES

Je l’ai fessé, nom de Dieu ! Fessé jusqu’au sang. Ah ! c’est Victor ! Eh bien soit, c’est Victor !

(Silence.)
ÉMILIE

Et après ?

CHARLES

Et après ?

(Charles éclate en sanglots.)
ÉMILIE

Non, Charles ! Non, pas toi ! ne pleure pas, Charles ! Charles ! Mon petit Charles ! C’est moi, Émilie, ta femme, la seule, celle qui… Enfin… Il n’y a pas si longtemps que tu voulais me tuer, que je voulais te tuer, que tu voulais toi-même te tuer ! Quel est ce vent, Jésus !

CHARLES, hors de lui

C’est un vent puant, comme la gueule du général, comme le cul d’Ida Mortemart, comme la fumée des drapeaux de Bazaine ! C’est un vent de folie… eeeeee.