Page:Vivien - La Dame a la louve.djvu/155

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elle me considérait avec une telle horreur farouche dans le regard, une telle répulsion de tout son être, subitement hostile, que je dus battre en retraite. Seuls lui plaisaient le grand air, les marches à travers la forêt, les fleurs sauvages cueillies en chemin, et le péril et l’aventure. Elle était faite pour le péril et l’aventure autant que moi. Nous nous aimions en frères. Au fond de notre amitié, pourtant réelle, croupissait une vase corrompue de soupçon, de haine même. Elle se défiait de moi, et je n’oubliais pas mon ressentiment féroce de mâle dédaigné. Les hommes sont des cochons, voyez-vous, de simples cochons : c’est d’ailleurs leur unique supériorité sur les femmes, qui ont parfois la faiblesse et le tort d’être bonnes… Je ne pardonnerai jamais à Nell de ne point avoir voulu, être ma maîtresse… Je ne le lui pardonnerai jamais, non, pas même à mon lit d’agonie…

Un incident, surtout, me vexa. Nous étions