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LA VÉNUS DES AVEUGLES

Elles m’attirent, comme un ténébreux appel.
Je ne défaille plus sous le charme cruel
Des accords et des chants. L’eau morte a pris mon âme.

gemma.

Les luths qui suppliaient ainsi qu’un vain appel,
Les voix qui s’exaltaient, plus vives qu’une flamme,
Ne font plus tressaillir les palais, telle une âme.

la dogaresse.

J’ai fait taire les luths. Le silence des eaux
A plus de volupté que les sons les plus beaux,
Le silence complexe où s’enlize mon âme.

viola, dans un cri d’effroi.

Oh ! ne contemplez pas les lagunes !

la dogaresse, à Viola.

Oh ! ne contemplez pas les lagunes ! Dis-moi,
N’as-tu point vu, sur l’eau sans clartés et sans voiles,
Un mystère d’azur et d’étranges étoiles ?