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LA VÉNUS DES AVEUGLES

Le jour éteindra ses rayons menteurs.
Dans l’ombre exhalant ses lourdes moiteurs,
Je viendrai m’accroupir sur la pierre lépreuse.

Mais je retrouverai mes regards d’autrefois,
Je te reverrai de mes yeux d’aveugle.
Comme un mâle en rut qui brame et qui beugle,
Je ferai crier tes os sous mon poids…
Et, tournant vers toi ma prunelle aveugle,
L’amour rallumera mes regards d’autrefois.

Tu viendras t’accroupir sur la pierre lépreuse
Et geindre parmi les âcres moiteurs,
Et tes faux soupirs de fausse amoureuse
Ressusciteront nos baisers menteurs.
Dans l’ombre exhalant de lourdes moiteurs,
Nous nous accroupirons sur la pierre lépreuse.