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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/191

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UNE FEMME M’APPARUT…

chante, parce que, lumineusement jeune, elle incarne pourtant toutes les mélancolies de l’Automne. Ses cheveux sont comme une gloire autour de son front pâle. Elle a dû chérir d’une tendresse très douloureuse un passé dont elle n’ose se souvenir.

— Eh bien non ! vous ne la verrez pas. Vous parlez d’elle avec trop de ferveur. Je veux être l’unique idole de mon sanctuaire. »

Je cédai à ce caprice ingénu où je la retrouvais toute.

« Vos désirs sont les ordres solennels du Destin, Divinité Enfant. »

J’allai chez Dagmar le lendemain, un peu moins triste d’avoir vu cette fraîcheur de sourire. Elle avait revêtu une robe d’une fougue barbare. Elle aimait, comme les tout petits, ce qui chatoie et resplendit et s’irise, le printemps, l’arc-en-ciel et les opales. À son cou, un rang de grosses turquoises rondes semblait un collier de fillette sauvage.

« Regardez, » s’écria-t-elle de sa voix cristalline. « Le lilas vient de fleurir dans le jardin.