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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/215

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UNE FEMME M’APPARUT…

« Vous m’avez dit autrefois que j’étais une petite princesse attendant, sur la terrasse, la venue de l’Époux. Mes yeux, las de la monotone blancheur plane de la route, fouillaient en vain l’horizon. J’ai attendu pendant de longs mois sur la terrasse… »

Elle s’interrompit, puis, avec un soupir frémissant

« Le prince que j’attendais est venu vers moi… »

Ce fut un silence d’angoisse…

Une délicate bergère de Saxe, qui ressemblait à Dagmar, jouait sur des pipeaux de porcelaine une musique muette. Je pris douloureusement la mièvrerie trop jolie et trop frêle, et je la brisai…

Dagmar tendit vers moi ses mains qui tremblaient un peu.

« Épargne-moi ta rancune. Je ne la mérite pas.

– Je n’ai à votre égard aucune rancune, petite princesse.

– Je tremble pour mon bonheur, » frissonna-