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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/244

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UNE FEMME M’APPARUT…

« Tu n’as pas su me conquérir, » prononça Vally, lentement. « Tu n’as eu ni la force, ni la patience, ni le courage de vaincre mon repliement hostile vis-à-vis de l’être qui veut me dominer.

— Je ne l’ignore point, Vally. Je ne formule pas le plus léger reproche, la plus légère plainte. Je te garde l’inexprimable reconnaissance de m’avoir inspiré cet amour que je n’ai point su te faire partager.

— Je t’ai dit autrefois : « Ne m’aime que juste assez pour ensoleiller ma vie. »

— Et je n’ai pas été assez sage pour l’obéir. »

Elle portait dans un pli de sa robe des orchidées avides comme des lèvres inassouvies. Elle les détacha et les effeuilla une à une de ses longs doigts implacables.

« Je ne t’ai jamais laissé croire que je t’aimerais comme tu m’as aimée. Tu m’as vue dès le premier jour telle que j’étais, » dit-elle. « J’espérais vaincre mon indifférence pour toi… Je n’ai pu triompher de ma froideur à ton égard. Et pourtant, j’aurais tant voulu t’aimer ! Il aurait