Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/25

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fier en se soumettant à l’Église, qui lui fournit la sanction morale et religieuse et la base réelle de son œuvre. Il est non moins évident que la société chrétienne parfaite ou l’union prophétique, le règne de l’amour et de la liberté spirituelle, suppose l’union sacerdotale et royale. Car pour que la vérité et la grâce divines puissent déterminer complètement et transformer intérieurement l’être moral de tous, il faut qu’elles aient auparavant une force objective dans le monde, qu’elles soient incarnées dans un fait religieux et maintenues par une action légale, qu’elles existent comme Église et comme État.

L’institution sacerdotale étant un fait accompli et la fraternité parfaitement libre étant un idéal, c’est surtout le terme moyen — l’État dans son rapport avec le christianisme — qui détermine les destinées historiques de l’humanité.

La raison d’être de l’État en général c’est de défendre la société humaine contre le mal en tant qu’il se produit extérieurement ou publiquement — contre le mal manifeste. Le vrai bien social étant la solidarité de tous — la justice et la paix universelles — le mal social n’est autre chose que la solidarité violée. La vie réelle de l’humanité nous présente une triple violation de la solidarité universelle ou de la justice : celle-ci est violée,