Page:Vogüé - Regards historiques et littéraires - 1900.djvu/307

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le sentiment frôle l.i métaphysique chez Tnlohef.

Axant tout, il esl l«’ poète de la mut : elle l’attire cl L’épouvante ; l’ombre dilate sa pi-ini«>lle et lui arrache des cris plaintifs, comme aux oiseaux des lieures noires ; exilé il’un pays chimérique, il rôde sans cesse entre la porte de corne et la porte d’ivoire, avec l’instinct que sa vraie patrie est là derrière, dans un monde de réminiscences ou d’illusions. Mais nos mots sont trop lourds, trop nets, pour exprimer cette inquiétude nocturne, murmurée dans une langue où les mots ont de longues fuites...


« Comme le globe terrestre est entouré par l’océan, — ainsi la vie terrestre est enveloppée de songes ; — vienne la nuit, et de ses vagues sonores — l’élément obscur bat son rivage.

« Sa voix nous presse et nous sollicite ; — déjà dans le port la voile enchantée frissonne ; — le tlot grandit et, rapide, il nous emporte — dans l’immensité des eaux sombres.

« La voûte céleste, illuminée par la gloire des étoiles, — nous regarde mystérieusement de ses profondeurs ; — et nous voguons, entourés de tous côtés — par l’abîme étincelant de feux. »