Page:Voisenon - Exercices de dévotion de M. Henri Roch avec Mme la duchesse de Condor, 1786.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
EXERCICES


peut-être, aller chez cette dame, qui vous a ſalué au Luxembourg ? Prenez-y garde ; je ne l’ai pas vue, mais elle n’a pas le ton dévot : a-t-elle des vapeurs ? Je ne le crois pas ; les femmes qui ne ſont pas dévotes, en ont rarement. Puiſqu’il en eſt ainſi, continua Madame, je vous demande la préférence. Je ſuis malade, vous le ſavez, & il n’y aurait point de charité de m’abandonner, après m’avoir vu dans l’état affreux, où j’ai été réduite ce matin. Je frémis de crainte, en penſant que toute la nuit je ſerai ſeule, expoſée à mourir, après avoir été à la comédie ; ce qui m’avait été défendu par mon confeſſeur. Je ſais bien que je n’y ai point fait du mal ; mais c’eſt une grande offenſe de Dieu de faire ce qu’un confeſſeur défend. Je ſuis certaine que ſi, pendant cette nuit, mes vapeurs me reprennent, j’en mourrai, & que je ſerai damnée. Seriez-vous bien aiſe de me voir brûler en enfer