Page:Voiture - Œuvres, t. 2, éd. Ubicini, 1855.djvu/360

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L’amour règne, le sang bouillonne,
L’année est bonne.

La belle princesse[1] n’est pas
Du rang des beautés d’ici— bas.
Car une fraîcheur immortelle
Se voit en elle.
 
Dans son visàgè et dans ses traits
Brillent quelques divins attraits.
Et dans sa mine et dans son geste
Un air céleste.

De perles, d’astres et de fleurs,
Bourbon, le ciel fit tes couleurs.
Et mit dedans tout ce mélange
L’esprit d’un ange.

Que de cœurs l’amour blesseroit.
Que de maux au monde il t’eroit,
Si cette belle moins contraire.
Le laissoit faire !

La duchesse[2] a pris à l’Amour
Ses traits, et ce dieu tout le jour,
Pour les ravoir de cette belle,
Vole autour d’elle.

Elle les montre en ses appas.
Mais elle ne les lance pas.
Et craint trop d’en blesser personne,
Tant elle est bonne.

Mais ses coups seroient bien heureux,
Et n’est point de cœur généreux,

  1. La princesse de Condé.
  2. La duchesse d’Aiguillon.