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LES RUINES.

depuis douze cents ans votre zèle fanatique n’a cessé de répandre chez les nations le trouble et le carnage ; et si aujourd’hui l’Asie, jadis florissante, languit dans la barbarie et l’anéantissement, c’est à votre doctrine qu’il en faut attribuer la cause ; à cette doctrine ennemie de toute instruction, qui, d’un côté, sanctifiant l’ignorance et consacrant le despotisme le plus absolu dans celui qui commande, de l’autre, imposant l’obéissance la plus aveugle et la plus passive à ceux qui sont gouvernés, a engourdi toutes les facultés de l’homme, étouffé toute industrie, et plongé les nations dans l’abrutissement.

« Il n’en est pas ainsi de notre morale sublime et céleste ; c’est elle qui a retiré la terre de sa barbarie primitive, des superstitions insensées ou cruelles de l’idolâtrie, des sacrifices humains, des orgies honteuses des mystères païens ; qui a épuré les mœurs, proscrit les incestes, les adultères, policé les nations sauvages, fait disparaître l’esclavage, introduit des vertus nouvelles et inconnues, la charité pour les hommes, leur égalité devant Dieu, le pardon, l’oubli des injures, la répression de toutes les passions, le mépris des grandeurs mondaines ; en un mot, une vie toute sainte et toute spirituelle. »

« Nous admirons, répliquèrent les musulmans, comment vous savez allier cette charité, cette douceur évangélique, dont vous faites tant d’os-