Page:Voltaire - Œuvres complètes, Beuchot, Tome 33, 1829.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

non pas tel que celui de 1610 au mois de mai[1], mais tel que celui de 1594 au mois de décembre[2], et tel que plusieurs autres commis dans d’autres années et dans d’autres mois par d’autres gueux qui avaient entendu dire des sottises.

L’exempt alors expliqua de quoi il s’agissait. Ah ! les monstres ! s’écria Candide ; quoi ! de telles horreurs chez un peuple qui danse et qui chante ! Ne pourrai-je sortir au plus vite de ce pays où des singes agacent des tigres ? J’ai vu des ours dans mon pays ; je n’ai vu des hommes que dans le Dorado. Au nom de Dieu, monsieur l’exempt, menez-moi à Venise, où je dois attendre mademoiselle Cunégonde. Je ne peux vous mener qu’en Basse-Normandie, dit le barigel[3]. Aussitôt il lui fait ôter ses fers, dit qu’il s’est mépris, renvoie ses gens, emmène à Dieppe Candide et Martin, et les laisse entre les mains de son frère. Il y avait un petit vaisseau hollandais à la rade. Le Normand, à l’aide de trois autres diamants, devenu le plus serviable des hommes, embarque Candide et ses gens dans le vaisseau qui allait faire voile pour Portsmouth en Angleterre. Ce n’était pas le chemin de Venise ; mais Candide croyait être délivré de l’enfer ; et il comptait bien reprendre la route de Venise à la première occasion.

  1. Le 14 mai 1610 est le jour de l’assassinat de Henri IV par Ravaillac : voyez tome XVIII, page 152. B.
  2. Le 27 décembre 1594, Jean Chàtel, élève des jésuites, donna un coup de couteau à Henri IV : voyez tome XVIII, page 147. B.
  3. Chef de sbires. B.