Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/116

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Palmire.

Et vous me refusez !

Zopire.

Et vous me refusez ! Oui. Je ne puis vous rendre
Au tyran qui trompa ce cœur flexible et tendre ;
Oui, je crois voir en vous un bien trop précieux,
Qui me rend Mahomet encor plus odieux.


Scène III.

ZOPIRE, PALMIRE, PHANOR.
Zopire.

Que voulez-vous, Phanor ?

Phanor.

Que voulez-vous, Phanor ? Aux portes de la ville,
D’où l’on voit de Moad la campagne fertile,
Omar est arrivé.

Zopire.

Omar est arrivé.Qui ? Ce farouche Omar,
Que l’erreur aujourd’hui conduit après son char,
Qui combattit longtemps le tyran qu’il adore,
Qui vengea son pays ?

Phanor.

Qui vengea son pays ? Peut-être il l’aime encore.
Moins terrible à nos yeux, cet insolent guerrier,
Portant entre ses mains le glaive et l’olivier,
De la paix à nos chefs a présenté le gage.
On lui parle ; il demande, il reçoit un otage.
Séide est avec lui.

Palmire.

Séide est avec lui.Grand Dieu ! destin plus doux !
Quoi ! Séide ?

Phanor.

Quoi ! Séide ? Omar vient, il s’avance vers vous.

Zopire.

Il le faut écouter. Allez, jeune Palmire.

(Palmire sort.)

Omar devant mes yeux ! Qu’osera-t-il me dire ?
Ô dieux de mon pays, qui depuis trois mille ans
Protégiez d’Ismaël les généreux enfants !