Scène IV.
Peuple, vengez mon père, et courez à ce traître.
Peuple, né pour me suivre, écoutez votre maître.
N’écoutez point ce monstre, et suivez-moi… Grands dieux !
Quel nuage épaissi se répand sur mes yeux !
Frappons… Ciel ! je me meurs.
Je triomphe.
N’auras-tu pu verser que le sang de ton père ?
Avançons. Je ne puis… Quel dieu vient m’accabler ?
Ainsi tout téméraire à mes yeux doit trembler.
Incrédules esprits, qu’un zèle aveugle inspire,
Qui m’osez blasphémer, et qui vengez Zopire,
Ce seul bras que la terre apprit à redouter,
Ce bras peut vous punir d’avoir osé douter.
Dieu qui m’a confié sa parole et sa foudre,
Si je me veux venger, va vous réduire en poudre.
Malheureux ! connaissez son prophète et sa loi,
Et que ce dieu soit juge entre Séide et moi.
De nous deux, à l’instant, que le coupable expire !
Mon frère ! eh quoi ! sur eux ce monstre a tant d’empire !
Ils demeurent glacés, ils tremblent à sa voix.
Mahomet, comme un dieu, leur dicte encor ses lois :
Et toi, Séide, aussi !
Mon crime était horrible autant qu’involontaire ;