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Scène III

Isménie

Ce vieillard est, sans doute, un citoyen fidèle ;
Il pleure ; il ne craint point de marquer un vrai zèle :
Il pleure ; et tout le reste, esclave des tyrans,
Détourne loin de nous des yeux indifférents.
Quel si grand intérêt prend-il à nos alarmes ?
La tranquille pitié fait verser moins de larmes.
Il montrait pour Égisthe un coeur trop paternel !
Hélas ! Courons à lui... mais quel objet cruel !

SCÈNE IV.

Mérope, Isménie, Euryclès, Égisthe, enchaîné, gardes, sacrificateurs.

Mérope 

Qu'on amène à mes yeux cette horrible victime.
Inventons des tourments qui soient égaux au crime ;
Ils ne pourront jamais égaler ma douleur.

Égisthe

On m'a vendu bien cher un instant de faveur.
Secourez-moi, grands dieux, à l'innocent propices !

Euryclès 

Avant que d'expirer, qu'il nomme ses complices.

Mérope, avançant.

Oui ; sans doute, il le faut. Monstre ! Qui t'a porté
À ce comble du crime, à tant de cruauté ?
Que t'ai-je fait ?

Égisthe

Les dieux, qui vengent le parjure,
Sont témoins si ma bouche a connu l'imposture.  
J'avais dit à vos pieds la simple vérité ;
J'avais déjà fléchi votre coeur irrité ;
Vous étendiez sur moi votre main protectrice :
Qui peut avoir sitôt lassé votre justice ?