Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/253

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Euryclès

Sans doute qu'au moment d'épouser Polyphonte
La reine en expirant a prévenu sa honte ;
Tel était son dessein dans son mortel ennui.

Narbas

Ah ! Son fils n'est donc plus ! Elle eût vécu pour lui.

Euryclès 

Le bruit croît, il redouble, il vient comme un tonnerre
Qui s'approche en grondant, et qui fond sur la terre.

Narbas

J'entends de tous côtés les cris des combattants,
Les sons de la trompette, et les voix des mourants ;
Du palais de Mérope on enfonce la porte.

Euryclès 

Ah ! Ne voyez-vous pas cette cruelle escorte,
Qui court, qui se dissipe, et qui va loin de nous ?

Narbas

Va-t-elle du tyran servir l'affreux courroux ?

Euryclès

Autant que mes regards au loin peuvent s'étendre,
On se mêle, on combat.

Narbas

Quel sang va-t-on répandre ?
De Mérope et du roi le nom remplit les airs.

Euryclès

Grâces aux immortels ! Les chemins sont ouverts.
Allons voir à l'instant s'il faut mourir ou vivre.

Il sort.

Narbas

Allons. D'un pas égal que ne puis-je vous suivre !
Ô dieux ! Rendez la force à ces bras énervés,
Pour le sang de mes rois autrefois éprouvés ;
Que je donne du moins les restes de ma vie.
Hâtons-nous.


Scène VI


Narbas, Isménie, peuple.


Narbas
<poem>Quel spectacle ! Est-ce vous, Isménie  ?
Sanglante, inanimée, est-ce vous que je vois ?