Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/290

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LE DUC DE FOIX

Son aspect : en impose, et se fait respecter.

MORILLO

À peine elle daigne écouter.
Ce maintien réservé glace mon éloquence
Elle jette sur nous un regard bien altier !
Quels grands airs ! Allons donc, sers— moi de chancelier,
Explique— lui le reste, et touche un peu son âme.

LE DUC DE FOIX

Ah ! que je le voudrais ! … Madame,
Tout reconnaît ici vos souveraines lois,
Le ciel, sans doute, vous a faite
Pour en donner aux plus grands Rois.
Mais du sein des grandeurs, on aime quelquefois,
À se cacher dans la retraite.
On dit que les Dieux autrefois,
Dans de simples hameaux se plaisaient à paraître :
On put souvent les méconnaître,
On ne peut se méprendre aux charmes que je vois.

MORILLO

Quels discours ampoulés, quel diable de langage !
Es— tu fou ?

LE DUC DE FOIX

Je crains bien de n’être pas trop sage.

(À Léonor.)

Vous qui semblez le cœur de cet objet divin,
De nos empressements daignez être attendrie,
Accordez un seul jour, ne partez que demain ;
Ce jour le plus heureux, le plus beau de ma vie,
Du reste de nos jours va régler le destin.

(à Morillo. )

Je parle ici pour vous.

MORILLO

Eh bien, que dit la tante ?

LEONOR

Je ne vous cache point que cette offre me tente :
Mais, madame, ma nièce.

MORILLO

à Léonor.

Oh, c’est trop de raison
À la fin, je ferai le maître en ma maison.
Ma tante, il faut souper alors que l’on voyage ;
Petites façons et grands airs,
À