Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/293

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Des adorables yeux qui les verront paraître ;
Mais ils savent beaucoup, s’ils savent réjouir.

MORILLO

Réjouissons— nous donc.

LE DUC DE FOIX

Oui, mais avec mystère.

MORILLO

Avec mystère, avec fracas,
Sers-moi tout comme tu voudras ;
Je trouve tout fort bon quand j’ai l’amour en tête.
Prépare ta petite fête :
De mes menus plaisirs je te fais l’Intendant.
Je veux subjuguer la friponne
Avec son air important,
Et je vais pour danser ajuster ma personne.


Scène IV

Le duc de Foix, Hernand
LE DUC DE FOIX

Hernand, tout est-il prêt ?

HERNAND

Pouvez-vous en douter ?
Quand Monseigneur ordonne, on fait exécuter.
Par mes soins secrets tout s’apprête,
Pour amollir ce cœur et si fier et si grand.
Mais j’ai grand peur que votre fête
Réussisse aussi mal que votre enlèvement.

LE DUC DE FOIX

Ah ! c’est-là ce qui fait la douleur qui me presse ;
Je pleure ces transports d’une aveugle jeunesse,
Et je veux expier le crime d’un moment
Par une éternelle tendresse.
Tout me réussira ; car j’aime à la fureur.

HERNAND

Mais en déguisements vous avez du malheur :
Chez Don Pedre en secret j’eus l’honneur de vous suivre
En qualité de conjuré,
Vous fûtes reconnu, tout prêt d’être livré,
Et nous sommes heureux de vivre ;