Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/297

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De son séduisant entretien ;
Hier il m’a beaucoup flattée,
À présent il ne me dit rien.
Il court, ou je me trompe, après cette étrangère :
Moi je cours après lui, tous mes pas font perdus ;
Et depuis qu’elle est chez mon père,
Il semble que je n’y fois plus.
Quelle est donc cette femme, et si belle et si fière,
Pour qui l’on fait tant de façons ?
On va pour elle encor donner les violons,
Et c’est ce qui me désespère.

HERNAND

Elle va tout gâter. Mademoiselle, eh bien
Si vous me promettiez de n’en témoigner rien
D’être discrète.

SANCHETTE

Oh oui, je jure de me taire,
Pourvu que vous parliez.

HERNAND

Le regret, le mystère
Rend les plaisirs piquants.

SANCHETTE

Je ne vois pas pourquoi.

HERNAND

Mon maître né galant, dont vous tournez la tête,
Sans vous en avertir, vous prépare une fête.

SANCHETTE

Quoi tous ces violons !

HERNAND

Sont tous pour vous.

SANCHETTE

Pour moi !

HERNAND

N’en faites point semblant, gardez un beau silence,
Vous verrez vingt Français entrer dans un moment ;
Ils font parés superbement ;
Ils parlent en chansons, ils marchent en cadence,
Et la joie : leur élément.

SANCHETTE

Vingt beaux messieurs Français ! J’en ai l’âme ravie ;
J’eus de voir des Français toujours très grande envie :
Entreront— ils bientôt ?