Songez au votre, hélas ! quel transport vous anime !
Léonor, ce n’est point un aveugle transport,
C’est un sentiment légitime..
Ce qu’il a fait pour moi.
Scène VIII
J’ai fait ce que j’ai dû.
J’exécutais votre ordre, et vous avez vaincu.
Vous n’êtes point blessé ?
Le ciel, ce ciel propice
De votre cause en tout seconda la justice.
Puisse un jour cette main, par de plus heureux coups,
De tous vos ennemis vous faire un sacrifice !
Mais un de vos regards doit les désarmer tous.
Hélas ! du sort encor je ressens le courroux ;
De vous récompenser il m’ôte la puissance. ;
Je ne puis qu’admirer cet excès de vaillance.
Non, c’est moi qui vous dois de la reconnaissance.
Vos yeux me regardaient, je combattais pour vous,
Quelle plus belle récompense !
Ce que j’entends, ce que je vois,
Votre sort le mien, vos discours, vos exploits
Tout étonne mon âme ; elle en est confondue ;
Quel nous rassemble, par quel noble effort,
Par quelle grandeur d’âme en ces lieux peu connue
Pour ma feule défense affrontiez— vous la mort ?
Eh n’est — ce pas assez que de vous avoir vue ?