Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/339

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Pour moi, seul malheureux, si pourtant je peux l’être,
Quand des jours plus sereins pour vous semblent renaître
Pénétré, plein de vous jusqu’au dernier soupir,
Je n’ai qu’à m’éloigner, ou plutôt qu’à vous fuir.

CONSTANCE

Vous partez !

LE DUC DE FOIX

Je le dois.

CONSTANCE

Arrêtez, Alamir.

LE DUC DE FOIX

Madame !

CONSTANCE

Demeurez, je fais trop quelle vue
Vous conduisit en ce séjour.

LE DUC DE FOIX

Quoi, mon âme vous est connue ?

CONSTANCE

Oui.

LE DUC DE FOIX

Vous sauriez ?

CONSTANCE

Je fais que d’un tendre retour
On peut payer vos vœux
Je fais que l’innocence,
Qui des dehors du monde a peu de connaissance,
Peut plaire et connaître l’amour.
Je fais qui vous aimiez, et même avant ce jour.
Elle est votre parente, et doublement heureuse.
Je ne m’étonne point qu’une âme vertueuse
Ait pu vous chérir à son tour.
Ne partez point, je vais en parler à sa mère.
La doter richement, est le moins que je dois ;
Devenant votre épouse elle me fera chère ;
Ce que vous aimerez aura des droits sur moi.
Dans vos enfants je chérirai leur père ;
Vos parents, vos amis, me tiendront lieu des miens ;
Je les comblerai tous de dignités, de biens.
C’est trop peu pour mon cœur et rien pour vos services.
Je ne ferai jamais d’assez grands sacrifices ;
Après ce que je dois à vos heureux secours,
Cherchant à m’acquitter je vous devrai toujours.