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LA FEMME
QUI à RAISON

COMÉDIE



ACTE PREMIER.




Scène I.

MADAME DURU, LE MARQUIS.
Madame Duru.

Mais, mon très-cher marquis, comment, en conscience.
Puis-je accorder ma fille à votre impatience,
Sans l’aveu d’un époux ? Le cas est inouï.

Le Marquis.

Comment ? Avec trois mots ? un bon contrat, un oui ;
Rien de plus agréable, et rien de plus facile.
À vos commandements votre fille est docile :
Vos bontés m’ont permis de lui faire ma cour ;
Elle a quelque indulgence, et moi beaucoup d’amour ;
Pour votre intime ami dès longtemps je m’affiche ;
Je me crois honnête homme, et je suis assez riche.
Nous vivons fort gaîment, nous vivrons encor mieux,
Et nos jours, croyez-moi, seront délicieux.

Madame Duru.

D’accord, mais mon mari ?

Le Marquis.

D’accord, mais mon mari ?Votre mari m’assomme.
Quel besoin avons-nous de conseils d’un tel homme ?