Quoi ! pendant son absence ?
Absent depuis douze ans, c’est comme à-peu-près mort.
Si dans le fond de l’Inde il prétend être en vie,
C’est pour vous amasser, avec sa ladrerie,
Un bien que vous savez dépenser noblement :
Je consens qu’à ce prix il soit encor vivant ;
Mais je le tiens pour mort aussitôt qu’il s’avise
De vouloir disposer de la charmante Érise.
Celle qui la forma doit en prendre le soin ;
Et l’on n’arrange pas les filles de si loin.
Pardonnez…
Que pour monsieur Duru, mon seigneur et mon maître,
Je n’ai pas un amour aveugle et violent :
Je l’aime… comme il faut… pas trop fort… sensément ;
Mais je lui dois respect et quelque obéissance.
Eh ! mon Dieu, point du tout : vous vous moquez, je pense ;
Qui, vous ? Vous, du respect pour un monsieur Duru ?
Fort bien. Nous vous verrions, si nous l’en avions cru,
Dans un habit de serge, en un second étage,
Tenir, sans domestique, un fort plaisant ménage.
Vous êtes Demoiselle ; et quand l’adversité,
Malgré votre mérite et votre qualité,
Avec monsieur Duru vous fit en biens commune,
Alors qu’il commençait à bâtir sa fortune,
C’était à ce monsieur faire beaucoup d’honneur ;
Et vous aviez, je crois, un peu trop de douceur
De souffrir qu’il joignît avec rude manière
À vos tendres appas sa personne grossière.
Voulez-vous pas encor aller sacrifier
Votre charmante Érise au fils d’un usurier,
De ce monsieur Gripon, son très-digne compère ?
Monsieur Duru, je pense, a voulu cette affaire ;
Il l’avait fort à cœur, et par respect pour lui,
Vous devriez, ma foi, la conclure aujourd’hui.
Ne plaisantez pas tant ; il m’en écrit encore,