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VARIANTES DE ZULIME. 89

  • n promettait mon cœur, il promettait ma foi ;
  • 11 n’en était plus temps, je n’étais plus à moi.

Les nœuds les plus sacrés, les lois les plus sévères,

Ont mis entre nous deux d’éternelles barrières :

Je ne puis accepter vos augustes bienfaits,

  • Je ne puis réparer les malheurs que J’ai faits ;
  • Madame, ainsi le veut la fortune jalouse ;
  • Venge2-yous sur moi seul : Alide est mon épouse.

ZULIMB.

ToB épouse ? perfide I

RAMIRB.

Élevés dans vos fers,

  • Nos yeux sur nos malheurs étaient à peine ouverts,
  • Quand son père, unissant notre espoir et nos larmes,
  • Attacha pour Jamais mes destins à ses charmes.
  • Lui-même a resserre dans ses derniers -moments

Ces nœuds infortunés, préparés dès longtemps : Nous gardions l’un et l’autre un secret nécessaire.

ZCILIME.

Ton épouse ! à ce point il brave ma colère ! Ah ! c’est trop essuyer de mépris et d’horreur. Seigneur, souffrirez- vous ce nouveau déshonneur ? Souffrirez-vous qu’Alide à ma honte jouisse

  • Du fruit de tant d’audace et de tant d’artifice ?
  • Vengez-moi, vengez-vous de ses traîtres appas,
  • De cet affreux tissu de fourbes, d’attentats :

Alide tiendra lieu de toutes les victimes.

Mon indigne rivale a commis tous mes crimes ; Punissez cet objet exécrable à mea yeux.

ALIDE.

Vous pouvez me punir, mais connaissez-moi mieux. Avant de me hatr, entendez ma réponse.

  • Votre père est présent, qu’il Juge, et qu’il prononce.

B^RASSAR.

  • O ciel !

ALIDE.

Ramire et moi, seigneur, si nous vivons^ C’est vous, c’est votre fille, à qui nous le devons. Zulime, en nous sauvant, voulait pour tout salaire Un cœur digne de vous, et digne de lui plaire. C’était de tous ses soins le noble et le seul prix. Sa gloire en dépendait, et je la lui ravis. Sans mon amour, sans moi, n’en doutez point, madame. Autant l’heureux Ramire a pu toucher votre &me, Autant vous régneriez sur son cœur généreux. J’étais le seul obstacle au succès de vos vœux ; J’ai causé de tous trois les malheurs et les larmes ; J’ai bravé vos bienfaits, j’ai combattu vos charmes ; Et lorsque vous touchez au comble du bonheur. Ma main, ma triste main, vous perce encor le cœur. Je vous ai fait serment de vous céder Ramire ; Vous connaissez trop bien tout l’amour qu’il inspire Pour croire que la vie ait sans lui quelque appas ; L’effort serait trop grand, vous ne l’espérez pas.