Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/172

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LE PÈRE NICODEME

ET JEANNOT*

��LE PÈRE NICODÈME.

Jeannot, souviens-toi bien que la philosophie Est un démon d'enfer à qui l'on sacrifie. Archimède autrefois gâta le genre humain ; Newton dans notre temps fut un franc libertin ; Locke a plus corrompu de femmes et de filles Que Law à l'hôpital n'a conduit de familles. Tout chrétien qui raisonne a le cerveau blessé : Bénissons les mortels qui n'ont jamais pensé. bienheureux Larcher, Viret, Cogé, Nonotte -! Que de tous vos écrits la pesanteur dévote Toujours pour mon esprit eut de charmes puissants! Le péché n'est, dit-on, que l'abus du bon sens; Et, de peur de l'abus, vous bannissez l'usage. Ah ! fuyons saintement le danger d'être sage. Pour faire ton salut, ne pense point, Jeannot ; Abrutis bien ton âme, et fais vœu d'être un sot.

JEANNOT.

Je sens de vos discours l'influence bénigne ; Je bâille, et de vos soins je me crois déjà digne. J'ai toujours remarqué que l'esprit rend malin.

��1. Cette satire doit être aussi de 1771. Elle est à la suite de la précédente dans le volume dont j'ai parlé, page 158. L'autour en cite un vers dans sa lettre à Laharpe, du 25 février 1772. (B.)

2. 11 est beaucoup question de Larcher et de Nonotte dans différents ouvrages en prose de Voltaire; Cogé, régent de rhétorique au collège Mazarin, auteur de quelques mauvaises brochures contre M. de Voltaire et M. Marmontel, à l'occasion de Délisaire; Viret, cordolier qui a écrit une brochure contre le Dîner du comte de Boulainvilliers ; elle était intitulée le Mauvais Dîner. (K.)

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