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DIALOGUE DE PÉGASE ET DU VIEILLARD. 199

Il fallut, malgré moi, combattre soixante ans

Les plus grands écrivains, les plus profonds savants,

Toujours en faction, toujours en sentinelle :

Ici c'est l'abbé Guyon\ plus bas c'est La Beaumelle-.

Leur nombre est dangereux. J'aime mieux désormais

Les languissants plaisirs d'une insipide paix.

11 faut que je te fasse une autre confidence : La peste, comme on sait, console de l'absence ; Les frères, les époux, les amis, les amants,

��saura qu'il n'y a point de société policée qui n'admette un Être suprême, rémuné- rateur do la vertu, et vengeur du crime. Nous le prions de se souvenir de ce vers de M. de Voltaire :

Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.

Ce philosophe écrivait, il n'y a pas longtemps, à un grand prince : « C'est de tous les vers médiocres que j'ai jamais faits, le moins médiocre, et celui dont je suis le moins mécontent. » {Note de M. de Morza, 1774.)

Il avait grande raison : un athée est peut-être presque aussi dangereux, si on l'ose dire, qu'un fanatique; car si le fanatique est un loup enragé qui égorge et qui suce le sang puhliquemcnt, en croyant bien faire, l'athée pourra commettre tous les crimes secrets, sachant bien qu'il fait mal, et comptant sur l'impunité. Voilà pourquoi les deux grands législateurs Locke et Penn, qui ont admis toutes les religions dans la Caroline et dans la Pensylvanie, en ont formellement exclu les athées. [Id., 1775.)

— Le premier des ouvrages de Sabatier dont il est question dans le premier alinéa de cette note est intitulé Dictionnaire de littérature, 1770, trois volumes in-S". J'ai parlé des Trois Siècles, tome VI du Théâtre, page 172; voyez aussi tome IX, note 3 de la page 292.

Dans le huitième alinéa, Voltaire dit que Sabatier avait commenté Spinosa. Dans sa lettre à Marmontel, du 24 juillet 1773, Voltaire dit avoir le manuscrit écrit tout entier de sa main et signé Bathesabit, ce qui est à peu près Vanagramme de son nom. Cet ouvrage de Sabatier n'a été imprimé qu'en 1800.

Quoi que Voltaire en dise dans son dixième alinéa, Sabatier, dans sa Corres- pondance littéraire (lettre 3), assure n'être jamais allé à Strasbourg; mais dans sa lettre 45, l'abbé nie avoir traduit Boccace, qu'il a traduit cependant.

Le conte dont Voltaire rapporte les premiers vers ne se trouve pas dans les Quarts d'Heure d'un joyeux solitaire, ou Contes de M***, La Haye, 1766, in-12, recueil obscène qu'on sait être de l'abbé Sabatier, mais qui est sans doute antérieur à la composition du conte, qui ne s'y trouve pas.

Le vers Si Dieu n'existait pas, etc., est dans VÉi)itre à l'auteur du livre des Trois Imposteurs.

1. L'abbé Guyon, auteur d'un libelle insipide contre notre auteur, intitulé VOracle des philosophes. {Note de M. de Morza, 1774.)

2. Langleviel, dit La Beaumelle, autre écrivain de libelles aussi ridicules qu'affreux contre la cour. Il faut pardonner à notre auteur s'il n'a puni ces gre- dins qu'en imprimant leurs noms, et en exposant simplement leurs calomnies. {M., 177i.)

— Le nom de famille de La Beaumelle est Angliviel. (B.)

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