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ÉPÎTRES[1]




ÉPÎTRE I.


À MONSEIGNEUR[2],
FILS UNIQUE DE LOUIS XIV.


(1706 ou 1707)


Noble sang du plus grand des rois,
Son amour et notre espérance,
Vous qui, sans régner sur la France,
Régnez sur le cœur des François[3],
Pourrez-vous souffrir que ma veine[4],
Par un effort ambitieux,
Ose vous donner une étrenne,
Vous qui n’en recevez que de la main des dieux ?
La nature en vous faisant naître[5]

  1. Il y a nécessairement un peu d’arbitraire dans la classification de certaines pièces de poésie de Voltaire. La xlive des épîtres n’a que seize vers, et l’on en compte dix-sept dans une pièce à Maupeou, qui a été mise parmi les Poésies mêlées, année 1771.

    La pièce connue et citée sous le nom d’Épître à Uranie (le Pour et le Contre), a toujours été considérée comme poëme ; et c’est à ce titre qu’elle est placée dans le tome IX.

  2. Ces vers furent présentés à ce prince par un soldat des Invalides : l’auteur avait environ douze ans lorsqu’il les fit. (K.)
  3. On rimait alors pour les yeux : M. de Voltaire suivait en cela l’exemple des poëtes du siècle de Louis XIV ; mais il ne tarda pas à s’apercevoir que la rime était faite pour l’oreille : il entreprit le premier d’accorder l’orthographe avec la prononciation, et fit voir le ridicule d’écrire le peuple françois, comme saint François. Plusieurs écrivains ont senti la justesse de ses observations, et ont adopté son système. (K.)
  4. Variante :
    Souffrez-vous que ma vieille veine.
  5. Variante :
    On a dit qu’à votre naissance
    Mars vous donna la vaillance,
    Minerve la sagesse, Apollon la beauté
    Mais un dieu plus puissant, etc.