Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/420

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J’ai promis le secret, et je lui tiens parole.
Toi qui peignis si bien, dans un style épuré,
Une tendre novice, un honnête curé[1] ;
Toi, dont le goût formé voudrait encor s’instruire,
Entre Mars et Vénus tâche de t’introduire.
Déjà de leurs bienfaits tu connais le pouvoir :
Il est un plus grand bien, c’est celui de les voir.
Mais ce bonheur est rare ; et le dieu de la guerre
Garde son cabinet, dont on n’approche guère.
Je sais plus d’un brave homme, à sa porte assidu,
Qui lui doit sa fortune, et ne l’a jamais vu.
Il faut entrer pourtant ; il faut que les Apelles
Puissent à leur plaisir contempler leurs modèles,
Et, pleins de leurs vertus ainsi que de leurs traits,
En transmettre à nos yeux de fidèles portraits.
Tes vers seront plus beaux, et ta muse plus fière
D’un pas plus assuré va fournir sa carrière.
Courtin jadis en vers à Sonning dit : « Adieu,
Faites mes compliments à l’abbé de Chaulieu, »
Moi, je te dis en prose : « Enfant de l’Harmonie,
Présente mon hommage à Vénus-Uranie. »




ÉPÎTRE CVII.


À MONSIEUR PIGALLE[2].


(1770)


Cher Phidias, votre statue
Me fait mille fois trop d’honneur ;
Mais quand votre main s’évertue[3]

  1. Dans le drame de Mélanie.
  2. Voyez ci-après l’épître cxix, à Mme  Necker, et dans le tome VIII, page 537, les stances adressées à la même dame.
  3. Variante :
    Monsieur Pigal, votre statue
    Me fait mille fois trop d’honneur ;
    Jean-Jacque a dit avec candeur