Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/465

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De qui la science chagrine
Est l’éteignoir des sentiments.
Adieu, réunissez longtemps
La gaîté, la grâce si fine
De vos folâtres enjouements,
Avec ces grands traits de bon sens
Dont la clarté nous illumine.
Je ne crains point qu’une coquine
Vous fasse oublier les absents :
C’est pourquoi je me détermine
À vous ennuyer de mes ents,
Entrelacés avec des ine.




ÉPÎTRE CXXI.


À MONSIEUR LE MARQUIS DE VILLETTE[1],
SUR SON MARIAGE.
TRADUCTION D’UNE ÉPÎTRE DE PROPERCE À TIBULLE, QUI SE MARIAIT AVEC DÉLIE.


Décembre 1777.


Fleuve heureux du Léthé, j’allais passer ton onde,
Dont j’ai vu si souvent les bords :
Lassé de ma souffrance, et du jour, et du monde,
Je descendais en paix dans l’empire des morts,
Lorsque Tibulle et Délie
Avec l’Hymen et l’Amour
Ont embelli mon séjour,
Et m’ont fait aimer la vie.
Les glaces de mon cœur ont ressenti leurs feux ;
La Parque a renoué ma trame désunie ;
Leur bonheur me rend heureux.

  1. Cette épître est imprimée dans le Journal de politique et de littérature du 5 décembre 1771. C’est une supposition, de la donner comme une traduction de Properce. (B.)