1. — A MONSIEUR DUCHÉ 1.
Dans tes vers, Duché, je te prie,
Ne compare point au Messie
Un pauvre diable comme moi :
Je n’ai de lui que sa misère,
Et suis bien éloigné, ma foi.
D’avoir une vierge pour mère.
2. — SUR UNE TABATIÈRE CONFISQUÉE
Adieu, ma pauvre tabatière ;
Adieu, je ne te verrai plus ;
Ni soins, ni larmes, ni prière,
Ne te rendront à moi ; mes efforts sont perdus ^
Adieu, ma pauvre tabatière ;
Adieu, doux fruit de mes écus !
S’il faut à prix d’argent te racheter encore.
J’irai plutôt vider les trésors de Plutus.
1. On croit que Voltaire n’avait que douze ans quand il composa ce sixain, qui est alors de 1700. Il ne peut par conséquent avoir été adressé à l’auteur dramatique Duché, qui était mort en 1704, mais à un homonyme, ou peut-être à M. d’Ussé. (B.)
2. Le P. Porée, régent de rhétorique de Voltaire, ayant confisqué la tabatière de son écolier, lui donna, dit-on, en pensum, pour en obtenir la restitution, l’obligation de composer une pièce de vers. (B.)
3. Variante :
tous mes pas sont perdus
J’irai plutôt vider les coffres de Plutus : Mais ce n’est point en lui que l’on veut que j’espère : Pour te revoir, hélas ! il faut prier Phébus ; Et de Phébus à moi si forte est la barrière Que je m’épuiserais en efforts superflus. C’en est donc fait : adieu, ma pauvre tabalièro; Adieu, je ne te verrai plus.