Et c’est raison. Ferait beau voir aussi[1]
Le fade auteur d’un roman ridicule
Sur même lit couché près de Catulle ;
Ou bien Lamotte ayant l’honneur du pas
Sur le harpeur[2] ami de Mécénas :
Trop bien Phébus sait de sa république
Régler les rangs et l’ordre hiérarchique ;
Et, dispensant honneur et dignité,
Donne à chacun ce qu’il a mérité.
Au haut du mont sont fontaines d’eau pure,
Riants jardins, non tels qu’à Châtillon
En a planté l’ami de Crébillon[3],
Et dont l’art seul a fourni la parure :
Ce sont jardins ornés par la nature.
Là sont lauriers, orangers toujours verts ;
Séjournent là gentils faiseurs de vers.
Anacréon, Virgile, Horace, Homère,
Dieux qu’à genoux le bon Dacier révère,
D’un beau laurier y couronnent leur front.
Un peu plus bas, sur le penchant du mont,
Est le séjour de ces esprits timides,
De la raison partisans insipides.
Oui, compassés dans leurs vers languissants,
À leur lecteur font haïr le bon sens.
Adonc, amis, si, quand ferez voyage,
Vous abordez la poétique plage,
Et que Lamotte ayez désir de voir,
- ↑ Une note du temps nous apprend qu’il est question de Jean de La Chapelle, auteur des Amours de Catulle, 1770, in-12 ; des Amours de Tibulle, 1712-1713, deux volumes in-12. Il ne faut pas confondre cet écrivain avec l’ami de Bachaumont. (B.)
- ↑ Horace.
- ↑ Le banquier suisse Hoguère, qui habitait le château de Châtillon, près Paris.