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ORPHÉE, MINOS, IMMORTALITÉ DE L’ÂME.

Simordak, Sohasduck, Niricassolahssar. Josèphe lui-même, dans son livre contre Apion, avoue que les Grecs ne pouvaient prononcer le nom barbare de Jérusalem ; c’est que les Juifs prononçaient Hershalaïm : ce mot écorchait le gosier d’un Athénien, et ce furent les Grecs qui changèrent Hershalaïm en Jérusalem.

Les Grecs transformèrent tous les noms rudes syriaques, persans, égyptiens. De Coresh ils firent Cyrus ; d’Isheth et Oshireth ils firent Isis et Osiris ; de Moph ils firent Memphis, et accoutumèrent enfin les barbares à prononcer comme eux ; de sorte que, du temps des Ptolémées, les villes et les dieux d’Égypte n’eurent plus que des noms à la grecque.

Ce sont les Grecs qui donnèrent le nom à l’Inde et au Gange. Le Gange s’appelait Sannoubi dans la langue des brames ; l’Indus, Sombadipo[1]. Tels sont les anciens noms qu’on trouve dans le Veidam.

Les Grecs, en s’étendant sur les côtes de l’Asie Mineure, y amenèrent l’harmonie. Leur Homère naquit probablement à Smyrne.

La belle architecture, la sculpture perfectionnée, la peinture, la bonne musique, la vraie poésie, la vraie éloquence, la manière de bien écrire l’histoire, enfin la philosophie même, quoique informe et obscure, tout cela ne parvint aux nations que par les Grecs. Les derniers venus l’emportèrent en tout sur leurs maîtres.

L’Égypte n’eut jamais de belles statues que de la main des Grecs. L’ancienne Balbek en Syrie, l’ancienne Palmyre en Arabie, n’eurent ces palais, ces temples réguliers et magnifiques, que lorsque les souverains de ces pays appelèrent les artistes de la Grèce.

On ne voit que des restes de barbarie, comme on l’a déjà dit ailleurs[2], dans les ruines de Persépolis, bâtie par les Perses ; et les monuments de Balbek et de Palmyre sont encore, sous leurs décombres, des chefs-d’œuvre d’architecture.

xxv. — Des législateurs grecs, de Minos, d'Orphée, de l'immortalité de l’âme.

Que des compilateurs répètent les batailles de Marathon et de Salamine, ce sont de grands exploits assez connus ; que d’autres répètent qu’un petit-fils de Noé, nommé Sétim, fut roi de Macé-

  1. Ces mots sont écrits autrement dans l’Essai sur les Mœurs, chapitre iv.
  2. Essai sur les Mœurs, chapitre v.