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ANNALES DE L’EMPIRE.

qu’en usa Goslin, évêque de Paris[1], dans une occasion encore plus pressante, mais comme un pontife qui exhortait un peuple chrétien, et comme un roi qui veillait à la sûreté de ses sujets. Il était né Romain[2] : on doit répéter ici les paroles qui se trouvent dans l’Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations : « Le courage des premiers Âges de la république revivait en lui dans un temps de lâcheté et de corruption ; tel qu’un beau monument de l’ancienne Rome, qu’on trouve quelquefois dans les ruines de la nouvelle. »

Les Arabes sont défaits, et les prisonniers employés à bâtir la nouvelle enceinte autour de Saint-Pierre, et à agrandir la ville qu’ils venaient détruire.

Lothaire fait associer son fils Louis à son faible empire. Les musulmans sont chassés de Bénévent ; mais ils restent dans le Garillan et dans la Calabre.

849. Nouvelles discordes entre les trois frères, entre les évêques et les seigneurs. Les peuples n’en sont que plus malheureux. Quelques évêques francs et germains déclarent l’empereur Lothaire déchu de l’empire. Ils n’en avaient le droit, ni comme évêques, ni comme Germains et Francs, puisque l’empereur n’était qu’empereur d’Italie. Ce ne fut qu’un attentat inutile : Lothaire fut plus heureux que son père.

850-851. Raccommodement des trois frères. Nouvelles incursions de tous les barbares voisins de la Germanie.

852, Au milieu de ces horreurs, le missionnaire Anschaire, évêque de Hambourg, persuade un Éric, chef ou duc ou roi du Danemark, de souffrir la religion chrétienne dans ses États, Il obtient la même permission en Suède, Les Suédois et les Danois n’en vont pas moins en course contre les chrétiens.

853-854. Dans ces désolations de la France et de la Germanie, dans la faiblesse de l’Italie menacée par les musulmans, dans le mauvais gouvernement de Louis d’Italie, fils de Lothaire, livré aux débauches à Pavie, et méprisé dans Rome, l’empereur de Constantinople négocie avec le pape pour recouvrer Rome ; mais cet empereur était Michel, plus débauché encore, et plus méprisé

  1. Voyez année 885.
  2. Dans l’édition originale on lit : « Il était né Romain. Le courage, etc. » L’Essai sur les Mœurs n’était pas encore publié. Voltaire, y ayant employé une partie de ce qu’on vient de lire, renvoya ensuite des Annales à l’Essai. L’Essai cependant est, des deux ouvrages, le dernier publié ; mais l’auteur avait, dans son manuscrit de l’Essai, pris beaucoup de choses pour les Annales. Le renvoi fut ajouté en 1772. (B.)